carte anvers

Une légende voudrait que la ville doive son nom au géant Druon Antigonus, qui aurait coupé et jeté les mains (en néerlandais hand werpen) des marins n’acquittant pas le péage de l’Escaut.

Plus vraisemblablement, le nom d’Anvers vient de l’expression « Aen de Werpen », qui souligne que l’agglomération serait née sur un tertre apte à l’accostage des barques. Évangélisée sans doute par saint Amand en 640, qui y édifie une première église, protégée par une forteresse construite sur une île de l’Escaut à la fin du viie s. ou au début du viiie s., Anvers n’est d’abord qu’un modeste village de pêcheurs. Détruite par les Normands en 836, l’agglomération carolingienne est bientôt reconstruite, renforcée d’un château, le « castrum », et pourvue d’une enceinte fortifiée au xie s.

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Partie intégrante du duché de Basse-Lotharingie, Anvers n’entre réellement dans l’histoire qu’au début du xiiie s. Érigée en cité, incorporée en 1288 au duché de Brabant, promue alors au rang de ville libre impériale et dotée à cet effet d’institutions municipales qui consacrent son autonomie, Anvers est occupée en 1357 par le comte de Flandre Louis II de Mâle, qui restaure aussitôt un ancien tonlieu, préjudiciable au commerce, mais dont la levée permet de restaurer les fortifications qui protègent désormais la Flandre sur sa frontière nord-est. Incorporée en 1406 aux domaines bourguignons, elle y perd sa valeur stratégique mais y gagne un vaste hinterland qui contribue à en faire la capitale économique de l’Occident dans la période qui sépare le déclin de Bruges de la montée d’Amsterdam.

Préparé dès le début du xiiie s. par une intense activité d’échanges (draps flamands et brabançons, sel et poissons zélandais contre laines anglaises, vins et métaux rhénans), cet épanouissement économique d’Anvers est favorisé par le conflit franco-flamand (1297-1305). Quittant alors Bruges, les marchands anglais s’établissent dans ce port de l’Escaut où les retiennent bientôt les foires de la Saint-Bavon et de la Pentecôte, fondées vers 1320. Un moment ralenti pour des raisons politiques et financières, cet essor reprend au xve s. grâce au transfert à Anvers du commerce d’exportation des draps anglais qui, à Bruges, se heurte à la concurrence des draps flamands et à l’obstacle d’un protectionnisme rigide.

Drainant dès lors le marché des Pays-Bas, attirant aussi les marchands de haute Allemagne désireux d’échanger directement les draps anglais contre les épices méditerranéennes, le cuivre et l’argent d’Europe centrale, les futaines de Souabe et de Franconie, Anvers devient en 1488 le siège d’une colonie marchande lusitanienne, au sein de laquelle le roi délègue un facteur permanent (1494-1549). Bénéficiant de l’étape des épices portugaises (1499), dont l’Europe du Nord-Ouest représente le plus grand marché (poivre, malaguette, cannelle, sucre), Anvers réexporte vers Lisbonne les produits de haute Allemagne et d’Europe centrale (argent, métal si apprécié des Italiens), ainsi que ceux de la Baltique (cire, grains), ou des Pays-Bas et des pays rhénans (meubles, tapisseries, tableaux, livres).

Pour cette raison, les Höchstetter, d’abord, puis les Fugger et les Welser d’Augsbourg, les Tucher de Nuremberg, etc., installent à Anvers des comptoirs permanents entre 1500 et 1550 environ, jusqu’au moment où s’affaiblit le courant commercial lusitanien (crise du négoce portugais des épices, afflux à Lisbonne de l’argent de Potosi par l’intermédiaire plus immédiat de l’Espagne), tandis que se trouve réactivée par les hauts Allemands la route alpestre de la Méditerranée.

Troisième pilier du commerce mondial d’Anvers (après le Portugal et la haute Allemagne), l’Angleterre des marchands aventuriers fait, en général, teindre à Anvers ses draps écrus avant qu’ils ne soient redistribués par elle dans toute l’Europe. Contribuant à assurer la prospérité de cette ville entre 1474 (accord juridique avec la nation anglaise) et les années 1560-1570, ce trafic atteint son apogée en 1550 (132 767 pièces de draps anglais importées par Anvers). Complétées par des chargements divers (plomb, blé, bière, fromage, laine), ces exportations auraient représenté en 1551, selon l’ambassadeur vénitien Marino Cavalli, une valeur de 300 000 ducats, alors que le marché anglais importait à la même date pour 500 000 ducats de biens divers : draps légers et toiles des Pays-Bas, produits sidérurgiques wallons, espagnols et haut-allemands. Atteint en 1551 par la réévaluation de la livre, qui renchérit le coût des produits anglais exportés, ce trafic si lucratif pour Anvers achève de se détériorer lorsqu’en 1564 les Anglais nouent par Emden des relations directes avec l’Europe centrale.

L’affaiblissement parallèle entre 1540 et 1560 de ses échanges avec l’Angleterre, le Portugal et la haute Allemagne explique peut-être la conclusion par Anvers de l’accord de 1540, qui aboutit au transfert dans cette ville en 1569 de la « nation des Hanséates » de Bruges (maison édifiée en 1568). Mais en raison de la présence des marchands d’Amsterdam en Baltique, Anvers trafique surtout avec les villes occidentales de la Hanse (dont Cologne), auxquelles elle livre des produits de luxe coloniaux ou non (vins de France, soieries, tapisseries, draps de Flandre et d’Angleterre) en échange de ceux des Esterlins : cire, cendre, peaux, laine, lin, chanvre, cuivre et fer.

Restés fidèles à Bruges, les Espagnols ne livrent aux Pays-Bas que des produits nationaux (fruits, peausseries, maroquineries) en contrepartie de tissus légers de laine et de lin d’origine locale et, plus rarement, de draps anglais, qu’Anvers vend par contre à la France.

Quant aux Italiens, ils s’intéressent moins aux échanges directs (corail d’Afrique du Nord, fruits du Midi, cotonnades contre tapisseries flamandes et tissus de lin et de laine) qu’au contrôle du commerce de réexportation des épices et des pierreries ibériques, et surtout au maintien à leur profit du monopole de vente de l’alun pontifical, dont Maximilien Ier a confié l’étape à Anvers en 1491, mais qui est concurrencé par l’alun castillan (8 000 t en 1559).

Cet essor commercial a d’importantes conséquences. La première est la constitution dans cette ville, dès le xve s., d’un grand marché de l’argent contrôlé jusqu’en 1520 par les marchands banquiers italiens, puis par leurs rivaux haut-allemands, d’ailleurs concurrencés par des Espagnols, des Anversois ou d’autres Italiens. Contraints les uns et les autres de prêter des sommes considérables aux États, ils sont en général victimes de leurs banqueroutes successives (Espagne et France en 1557 ; Portugal en 1560).

Curieusement marqué par un certain archaïsme (cession des obligations par-devant notaire ; prédominance des emprunts à court terme conclus de foire en foire et au taux de 2 à 3 % par trimestre, soit 12 % par an ; institution tardive de la lettre de change comme instrument de crédit), le marché d’Anvers se met pourtant à l’école de l’Italie. En relation avec presque toute l’Europe, disposant avec la Bourse d’un instrument financier de premier ordre (changes, dépôts), la ville devient le foyer privilégié de la spéculation européenne : trafic sur les valeurs et les assurances sur la vie (interdites en 1571) ; goût effréné pour les paris (interdits dès 1544) et pour les loteries, auxquelles l’État lui-même n’hésite pas à recourir.

Seconde conséquence de son essor, la croissance démographique très rapide d’Anvers (5 000 habitants vers 1374 ; 20 000 en 1440 ; 50 000 vers 1500 ; 100 000 vers 1560) entraîne la création au nord de la ville, par Gilbert Van Schoonbeke, d’un quartier au plan géométrique. Cette création est également justifiée par l’essor des industries nouvelles : draperie, raffinerie de sucre, fabriques de savon, de verre, de poteries, ateliers de taille de diamants et surtout d’imprimerie, dont les plus célèbres, ceux de Christophe Plantin (1520-1589), contribuent à faire d’Anvers un foyer de diffusion de l’humanisme. Et cela d’autant plus facilement que le Magistrat, très tolérant, s’est toujours efforcé de ne pas appliquer les placards antihérétiques des Habsbourg, en raison du séjour dans cette ville cosmopolite des colonies marchandes étrangères. Groupant peut-être 15 000 personnes en 1566, de telles colonies y facilitent la diffusion des idées réformées ou hétérodoxes.


Taille: 92 cm

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